Venez découvrir la plus grande des rivières totalement genevoises ! Havre de paix qui invite à la promenade, elle a connu une histoire plutôt mouvementée. C’est d’ailleurs sur ce tronçon qu’elle a le plus changé au cours des siècles pour devenir aujourd’hui le compromis réussi entre les enjeux d’une protection efficace contre les crues et les besoins de l’agriculture locale, tout en offrant au public une exceptionnelle nature de proximité.
Mais faisons un pas en arrière : au Moyen-Âge, la Seymaz prenait sa source dans de grand marais qui ont profondément marqué la région. Le château de Rouelbeau, qui contrôlait un des rares gués praticables, a ainsi pu prospérer en taxant les marchands qui rejoignaient les grandes foires de Genève.
Au début du XXème siècle, le paysage change radicalement : d’importants travaux de drainage font disparaître les marais au profit de nouvelles terres cultivables, ne laissant que des canaux bétonnés.
Juste retour des choses, grâce à un important de travail de réhabilitation, la rivière a aujourd’hui retrouvé bien plus de liberté. Et c’est l’ensemble de cette plaine agricole qui présente un nouveau visage car une partie des marais historiques a pu être remis en eau, recréant un paysage évocateur particulièrement accueillant pour la biodiversité, pour plus grand bonheur des promeneurs.
Ce que vous pourrez vivre durant cette balade
- Oublier le tumulte de la ville dans un paysage aux dimensions uniques à Genève, avec une ample plaine agricole enrichie de longs cours d’eau et de larges pans de nature intense.
- Découvrir le royaume sonore et flamboyant des oiseaux aquatiques – canards en tout genre, grandes aigrettes, hérons cendrés, souvent très près des chemins – dans les marais de la Haute-Seymaz.
- Vibrer en apercevant peut-être deux animaux vraiment craquants, la tortue cistude et la souris naine, récemment réintroduits ici après une longue absence.
- Méditer sur le passage du temps, en parcourant les ruines mélancoliques du Château de Rouelbeau protégé par ses douves, magnifiquement mis en valeur par les travaux du service cantonal d’archéologie.
Quelques points remarquables de la promenade (d’aval en amont)
- La confluence de la Seymaz avec son affluent au nom enjôleur, le Nant du Paradis, dont la renaturation a initié le grand projet régional de réhabilitation.
- L’ouvrage du Pont de la Motte qui assure à lui seul la sécurité de Chêne-Bourg et Chêne-Bougeries en cas de crues, une des nombreuses réalisations innovantes du parcours.
- La passerelle suspendue qui vous permettra de traverser confortablement le cœur des marais, au plus près de ses habitants.
- La confluence des ruisseaux du Chambet et de la Touvières, qui donne formellement naissance à la Seymaz.
- Le bel et long étang de Rouelbeau et les roselières animées de vie qui l’entourent.
- Les ruines du Château de Rouelbeau, et tout proche, les barrages de castor les plus spectaculaires du canton.
Points remarquables (13) d’aval en amont
Aménagement innovant
- La lône en plein champs
A 50 m des rives, cet ingénieux biotope issu de la renaturation fonctionne comme une lône, ce bras mort typique des rivières naturelles. En temps normal, c’est un fossé humide, autonome et assoupi qui fait le bonheur des Tritons alpestres… mais en cas de crue, il absorbe une partie des courants du cours d’eau grâce à des tuyaux reliés à la Seymaz.
Aménagement innovant
- Le Nant du Paradis
Avec un nom aussi évocateur, cette rivière méritait bien son retour à la vie… C’est chose faite : sa cure de renaturation lui a rendu des rives douces et accueillantes et une végétation aquatique luxuriante, rehaussée d’un élégant alignement de saules têtards. La cadre est bel et bien paradisiaque et les calopteryx, ces libellules aux reflets féériques, ne s’y sont pas trompés !
Curiosité
- Les peupliers historiques ornés de gui
Ces grands peupliers d’Italie – une variété sélectionnée du peuplier noir – sont un témoignage vivant du temps de la canalisation de la rivière, il y a un siècle. Le projet de renaturation les a conservés, pour leur rôle paysager, mais aussi écologique : ils abritent de nombreux buissons de gui chargés de baies blanches qui régalent en hiver les oiseaux : Merles et Grives, Fauvettes à tête noire ou encore les très rares Jaseurs…
Aménagement innovant
- La vanne de protection du Pont de la Motte
Ne vous fiez pas à l’apparente somnolence de la Seymaz : chiffres à l’appui, ses crues les plus colériques pourraient dévaster les communes de Chêne-Bourg et Chêne-Bougeries! La renaturation des marais a donc prévu cet ouvrage de protection. En cas de danger, la vanne retient l’eau qui filerait vers l’aval, quitte à noyer les marais – confirmant leur précieux rôle de tampon – et certains champs sous un lac temporaire pouvant stocker 800’000 m3 d’eau. Et c’est ici que tout se joue…
Aménagement innovant
- La passerelle immersive des marais
En reconstituant une spectaculaire oasis de biodiversité, la renaturation des marais a permis de créer une nouvelle attraction locale. Mais comment concilier engouement et conservation ? Avec une confortable passerelle qui plonge les visiteurs au cœur de la vie sauvage, tout en préservant la tranquillité alentours ! Elle permet ainsi de vivre les émotions fortes du ballet des Foulques, Gallinules, Colverts, Sarcelles, etc. dans le cadre d’une rencontre réussie entre le public et la nature.
Curiosité
- La rencontre des parents du marais
Contre toutes attentes, c’est la rencontre de deux ruisseaux un peu fantasques, le Chambet, issu des Bois de Jussy, et la Touvière, née dans la campagne, qui donne vie au beau marais de la Haute-Seymaz. Jouant pleinement son rôle d’éponge, ce dernier tamponne leurs apports capricieux et assure ainsi un débit régulier à la Seymaz qui prend officiellement naissance ici.
Aménagement innovant
- Le canal de Compois
Ici, on a remplacé un tuyau de béton sous-terrain par ce joli canal, dont les eaux limpides permettent le développement d’un flore aquatique remarquable, comme ces Callitriches qui peuvent former un tapis étoilé à la surface de l’eau.
À découvrir
- Les saules-têtards emblématiques
Autrefois, paniers, corbeilles, mais liens pour attacher les vignes étaient produits naturellement en tirant parti des branches des saules locaux. Régulièrement taillés, ces arbres formaient alors au sommet de leur tronc comme une tête boursouflée offrant des niches douillettes pour les insectes et les oiseaux, comme la Huppe ou la Chouette chevêche. Pour maintenir ces paysages historiques alliant nature et patrimoine culturel, des saules blancs ont été replantés ici et sont taillés une année sur deux.
À découvrir
- Le grand point d’observation de l’Etang de Rouelbeau
L’aménagement de l’étang de Rouelbeau au début de ce siècle a marqué de manière spectaculaire le début de la renaturation de la Haute-Seymaz et le rétablissement de son caractère paysager historique. C’est aujourd’hui un des plus grands étangs du canton, abritant une flore et une faune toujours diversifiées et riches en surprises. Ainsi, vous pourrez peut-être y surprendre le rare Butor, une des stars hivernales de ce site.
À découvrir
- Le château de Rouelbeau et ses douves à tortues
Ne manquez pas une visite détaillée du château de Rouelbeau. Son origine remonte au moins à 1318, quand le seigneur Hubert de Choulex fait construire ici un premier fort. Des décennies de travaux minutieux des spécialistes du service cantonal d’archéologie ont permis de tracer son histoire et de mettre en valeur ses ruines évocatrices. Sa double enceinte de douves remises en eau constitue aujourd’hui aussi un point fort pour la biodiversité : la Tortue cistude y a même été réintroduite.
À découvrir
- L’observatoire intimiste de l’Etang de Rouelbeau
En apparence peu spectaculaire, cet observatoire ouvre une extraordinaire fenêtre sur la vie secrète de l’étang. Au gré des saisons, et avec un peu de patience, vous y observerez des Libellules, des Grenouilles, de nombreux oiseaux aquatiques, et peut-être même une Tortue cistude sur un tronc, ou un discret Castor nageant au crépuscule. Chut… regardez : les animaux sont tout près…
À ne pas manquer
- Les barrages des infatigables castors
Aussitôt qu’un obstacle sous la route de Chêne a été assaini, les Castors de l’Arve se sont empressés de coloniser la Seymaz renaturée. C’est ici, en amont de l’étang de Rouelbeau, qu’ils ont installé leur base favorite : ces ingénieurs obstinés y entretiennent assidûment leurs extraordinaires barrages naturels. Ces ouvrages particulièrement ingénieux leur permettent de garder l’entrée de leurs terriers sous l’eau et d’agrandir les zones humides qui les nourrissent… tout en enrichissant la biodiversité !
Aménagement innovant
- Le dernier tronçon remis à ciel ouvert
Un tout dernier projet de renaturation, finalisé en 2024, a permis de sortir des canalisations ce tronçon non négligeable : ce sont encore 130 m de ruisseau qui vont pouvoir reprendre vie ! De quoi suivre comment la nature va progressivement recoloniser cet espace en évolution. En attendant, ses rives peu végétalisées pourront peut-être révéler le passage d’un Chevalier sylvain en migration ou les explorations flamboyantes d’un Martin-pêcheur local.